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Désolantes comparaisons

Jean-François Cavin
La Nation n° 2287 5 septembre 2025

Il est utile de comparer les finances des Cantons suisses, notamment sous l’angle des dépenses. Pourquoi consacre-t-on plus de crédits que d’autres à telle tâche? Pourrait-on faire aussi bien avec moins d’argent? Y a-t-il du «coulage»? Bien sûr, l’exercice doit être fait avec discernement: il n’y a pas deux Cantons exactement semblables et les choix politiques peuvent légitimement différer. Mais, en prenant les précautions voulues, on peut déceler des pistes d’amélioration. En 1992, la commission chargée d’examiner les tâches et le fonctionnement de l’Etat de Vaud (dite «commission Blanc» du nom de l’ancien conseiller d’Etat qui la présidait) avait recommandé de systématiser ce travail. Le Conseil d’Etat de l’époque était resté sourd à cette proposition, comme du reste à l’ensemble du rapport jugé probablement trop libre et trop dérangeant.

La Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie (CVCI) a mandaté le bureau lausannois Swiss Economics SE S.A. pour établir certaines comparaisons. Cette étude, publiée à la mi-août, mérite l’attention. Elle observe les données des finances de trois Cantons qui présentent certaines similitudes, Berne, Zurich et Vaud, en faisant d’ailleurs la part de leurs particularités; elle se concentre sur les ressources fiscales et les dépenses des deux domaines les plus coûteux, la politique sociale et la formation. Les chiffres sont pris en compte jusqu’en 2022.

Sans surprise, on voit que Vaud est, avec Genève, le Canton qui impose le plus lourdement les personnes physiques. Et quant à l’ensemble des dépenses de l’Etat et des communes, Vaud débourse 10% de plus par habitant que Zurich et 30% de plus que Berne.

Les dépenses cantonales et communales pour la sécurité sociale (on disait autrefois l’assistance), en augmentation de quelque 50% en dix ans, sont, par habitant, 50% et 70% plus élevées que celles des deux autres Cantons; cela alors que le nombre de bénéficiaires n’est que peu supérieur chez nous et que le montant des aides est analogue. Comment expliquer ce mystère? Demandeurs d’asile plus nombreux (les aides qui leur sont dévolues entrent dans le calcul)? Enflure administrative? Swiss Economics ne se prononce pas, tout en suggérant la seconde hypothèse. Mais il montre que l’«efficience» du régime vaudois est une des plus mauvaises de Suisse (notion difficile à cerner sur la base de nombreux facteurs).

La réduction individuelle des primes d’assurance maladie est évidemment un autre gros chapitre de la dépense. Avec sa règle selon laquelle les ménages ne doivent pas payer à ce titre plus de 10% de leur revenu, Vaud est champion toutes catégories du subventionnement de sa population, par centaines de millions. En 2022, il y consacrait deux fois plus de moyens, et même davantage, que Berne et Zurich. Depuis lors, la facture n’a fait qu’exploser.

Le tableau est moins sombre en matière de formation, où Vaud dépense, par habitant, à peu près autant que les autres pour la scolarité obligatoire. Mais sensiblement plus pour la formation gymnasiale. On note à ce propos que, chez nous, 43% de la volée va au gymnase (contre 22 ou 24% à Berne et Zurich), alors que seuls 32% obtiennent la maturité et 28% un «bachelor»; la déperdition est d’un tiers!

L’étude conclut que, dans le seul domaine social, des économies de 250 millions seraient possibles sans dommage. Il y a en tous cas du grain à moudre dans ce rapport. Des mystères doivent être éclaircis et des dérives corrigées. On ne peut pas conduire une politique financière équilibrée, avec un nécessaire allègement de l’impôt des personnes physiques, sans reconsidérer la politique de redistribution que le régime rad-soc a menée avec prodigalité.

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